lundi 11 août 2008

Dernier post - l'arrivée d'Alex

Voici venu le moment de clore ce blog qui, comme annoncé au début, était destiné à suivre [...] l'évolution de la grossesse, jusqu'à sa naissance.
Voici donc le récit de l'accouchement :

Dans la nuit de vendredi à samedi 26/07/2008, Teo me réveille vers 3h car il avait pipi... de retour dans mon lit, j'ai du mal a me rendormir, je mets un moment a me rendre compte que ce qui me gène, ce sont des contractions. J'en ai rapidement marre de tourner et tourner dans le lit sans m'endormir, alors je vais faire un tour dans le jardin. Je me sens étrangement en forme, et c'est bon d'être là dehors, au frais, la lune et moi seuls au monde ! (je me dis quand même que si un voisin passe il risque de me prendre pour une folle).

Finalement je ne pourrais pas dormir de la nuit, que je passerais à me promener dans le jardin, ou lire dans le canapé, en comptant parfois l'espace entre les contractions, et en me disant que c'est un faux travail, et que ça va s'arrêter.

Vers 8h du matin, après avoir appelé et traumatisé ma soeur :P je dis quand même à Fred qu'il peut continuer à dormir mais que moi je vais préparer la valise, j'ai des contractions et on ira peut être faire un tour à la maternité tout à l'heure si ça ne passe pas. Il me dit que je n'ai pas la tête de quelqu'un qui va accoucher :)

Des amis sont venus passer le week-end à la maison, je leur mets un peu la pression avec mes contractions :P finalement je passe un morceau de la matinée dans la piscine, ça c'est vraiment bon ! je ne sens pas de contractions dans l'eau, je pense même qu'elles sont parties pour de bon. Mais elles reviennent dès que j'en sors. Jusque là, les contractions ne sont pas très douloureuses, mais vu le temps que ça dure, et qu'elles sont espacées de 3-4 minutes, on décide d'aller vérifier à la maternité avant de rentrer manger la paëlla (oui, paëlla un samedi, les jours exceptionnels sont exceptionnels jusqu'au bout !).


Dans la voiture, on allume la radio... et là, j'entends une chanson qui m'arrache les larmes, pas de tristesse, non, c'est juste que je suis émue... J'ai l'impression que c'est Alex qui me dit "allez, concentre-toi, on a du boulot mama !". Je pleure tout le long de la chanson, et bascule soudain dans la "planète accouchement" :


Me muero por conocerte
Saber que es lo que piensas
Abrir todas tus puertas
Y vencer esas tormentas
Que nos quieran abatir
Entrar en tus ojos mi mirada
Cantar contigo al alba
Besarnos hasta desgastarnos nuestros labios
Y ver en tu rostro cada dia
Crecer esa semilla
Crear, Soñar, dejar todo surgir
Apartando el miedo a sufrir

Je meurs d'envie de te connaitre
Savoir ce que tu penses
Ouvrir toutes les portes
Et vaincre tous les orages
Qui voudraient nous abattre
Entrer dans tes yeux mon regard
Chanter avec toi à l'Aube
Nous embrasser jusqu'à usure de nos lèvres
Et voir dans ton visage chaque jour
Grandir cette graine
Creer, rêver, tout laisser sortir
A part la peur à souffrir

Désormais, c'est pour accoucher que je vais à l'hopital, je ne crois plus au faux travail.
à 14h, à la maternité, après un monitoring qui confirme que j'ai bien des contractions (oui bah merci, j'ai pas besoin de l'appareil pour m'en rendre compte !) le gynécologue m'informe que je suis dilatée de 2cm, que le col commence à s'effacer, que je vais accoucher aujourd'hui, mais qu'il n'y a pas de chambres libres pour le moment... grand moment de panique, non non non ! je ne veux pas accoucher à l'autre hopital, je veux rester ici ! On me rassure de suite, pas de problème, dans une heure ou deux je devrais avoir de la place, on me propose d'aller me promener, manger un peu, et revenir tout à l'heure. Ah bah oui ! avec plaisir ! Fred et moi filons à la cafétéria manger quelque chose (enfin, lui mange, moi je m'étais fait un sandwich peu de temps avant, je n'ai plus faim). Les contractions commencent a devenir plus sérieuses, et j'ai du mal a rester assise.

à 16h, de retour à la maternité, j'ai une chambre et une chambre de dilatation. On m'installe en chambre de dilatation, mon col est effacé et je suis ouverte à 4 ! ça avance ! chouette !!! Je me mets alors a me balader dans toute la pièce, je ne tiens pas sur place. La sage-femme, Déborah, se présente, elle à l'air si douce, et si gentille ! elle me propose un monito, je lui dis que je n'ai aucune envie de rester assise et encore moins allongée, elle me dit que j'ai raison, et me propose de juste vérifier le coeur d'Alex pendant une contraction, chose faite, Alex supporte les contractions comme un chef, je suis fière de lui, j'ai entière confiance en lui. La sage-femme pense que ça ira vite (ça ira vite ça veut dire 3-4h). Moi, je me mets a chatonner pendant les contractions (pas parce que je suis folle, mais parce que ça m'aide à gérer !).

17h, je commence à douiller sérieusement, Fred prend quelques photos. Puis la gynéco fait son apparition, elle se présente, elle s'appelle Sarah, elle dit qu'elle passera de temps en temps. Je me dis que l'équipe est bien sympa et discrète, j'aime ça ! J'ai encore besoin de marcher pour gérer les contractions.



18h, j'en ai marre de marcher, je monte sur le lit et je passe de la position assise, à accroupi, à 4 pattes, c'est comme ça que je finirais la dilatation. L'espèce de chemise de nuit ouverte par derrière commence à me déranger, j'ai pas que ça à faire la remettre en place toutes les 2mn ! qu'à cela ne tienne, je l'enlève, je n'en ai pas besoin après tout ! Fred reçoit alors un coup de fil, nos amis nous appellent depuis le baptême auquel nous étions invités ! je trouve que c'est drôle, mais ça me fatigue vite de voir Fred discuter au téléphone ! Je m'énerve un peu et lui demande de raccrocher. En fait j'ai besoin d'être physiquement "seule", c'est à dire que je ne souhaite pas qu'on me touche, qu'on me tienne, qu'on me masse le dos, etc. mais j'ai besoin de savoir que Fred est là, juste là, sinon, je n'y arriverais pas.


Par téléphone, je suis aussi en contact avec ma soeur, mes amis venus passer le week-end, deux autre amies, et les filles de mon forum ! On ne peut pas dire que je manque de soutien !!!

18h20, j'aimerais vraiment avoir une "pause" ! je demande le "gaz" (de l'Entonox, mélange d'azote et d'oxygène, appelé aussi le "gaz du rire") pour essayer d'atténuer un peu la douleur. On m'amène la bouteille dans les 5mn, et on m'explique comment ça marche, il faut aspirer très fort dans le tube, et tout ressouffler dedans, seulement pendant la contraction. On me confirme que le gaz est inmédiatement vidé des poumons, et n'a pas d'autres effets (ne touche pas au bébé). La première inhalation est impressionnante ! un vrai "shoot" ! j'oublie tout pour un instant, et j'hallucine un peu (je pense a un pied avec 20 orteils... allez comprendre... et je prends la tête à Fred en lui disant qu'il faut absolument compter les orteils d'Alex à la naissance !). Le gaz fonctionne bien pendant 5 ou 6 contractions, je continue de délirer un peu, mais peu à peu le corps s'habitue, et le gaz ne me sert plus à grand chose... tant pis, je laisse tomber le tuyeau.
19h30 ça devient vraiment dur, on vérifie mon col, j'en suis à 6-7... 6-7!!! je commence à désespérer ! j'ai l'impression que ça ne finira jamais, je commence à avoir peur de ne pas y arriver, mais lorsque l'on me demande, je réponds que je ne veux pas d'analgésique, je me sens trop libre sans rien planté dans mon bras, je ne veux pas shooter mon bébé... j'ai peur, mais je dois continuer ! Les contractions on changé, j'ai l'impression que l'on m'écartèle de l'intérieur, et là, mon cerveau à basculé de l'état "femme" à l'état "animal" je me fiche de tout, mon cerveau ne marche que pour accoucher, je ne me suis jamais sentie autant "bête" (dans les sens bestial) de ma vie, c'est vraiment une drôle d'impression ! Fred dit (en fait il a tout noté dans un petit carnet, merci mon reporter ! c'est génial d'avoir les données précise pour raconter comme il faut !) que les contractions s'espacent un peu, que j'ai plus de temps entre elles, je ne m'en souviens pas, mais je me souviens m'être endormie parfois entre 2 contractions ! (ça parait fou, mais qu'est-ce qu'on peut récupérer en 2mn !).

20h20, je suis à 8, je n'ai plus peur, je crois que je vais gérer jusqu'au bout à présent, la sage-femme m'encourage beaucoup, la présence de Fred me rassure. Et puis Fred va fumer sa 3ème cigarette (je crois que c'est la 3ème, il ne l'a pas noté ça ! :P) comme à chaque cigarette, ça m'énerve, et je l'envoie un peu sur les roses "c'est ça, va fumer, si je suis morte à ton retour, tant pis pour toi !". d'un coup, tout s'accélère, Fred n'est pas encore revenu et je ressens cette fameuse envie de pousser... ce n'est pas une envie ! c'est un besoin vital ! il faut que je pousse, je ne pourrais pas me retenir ! Mon corps me demande de descendre du lit, je me mets donc debout, les mains appuyées sur le lit, et je crie "moi je vais pousseeeeeeeeeeeeeer" !!!! Ma poche des eaux explose alors (trop rigolo comme sensation !) et dans la seconde, la sage-femme était là ! "attends" me dit-elle "j'attends rien du tout, je vais pousser !" je lui hurle, elle me dit OK, on ne va pas en salle d'accouchement, on reste ici. Elle me place quelques linges absorbants sous les pieds, pour pas que je glisse, Fred arrive à ce moment là, un peu halluciné de me voir debout, il se demande si je vais accoucher de suite, mais se dit que ce n'est pas le moment de demander (sage décision). La sage-femme lui dit alors de venir aux premieres loges :). La contraction suivante arrive, je peux enfin pousser ! comme ça fait du bien ! alors là, la douleur, je m'en fiche royalement ! je sens bien Alex descendre à l'intérieur de moi, il bosse lui aussi, on va y arriver, cette fois, c'est certain ! Les poussées durent un gros quart d'heure, je pousse de toutes mes forces, mais écoute les instructions de la sage-femme, je tiens à mon périné, et je lui fais désormais entière confiance (je pense que j'ai du lui dire 3 fois "pas d'épisiomie hein!"). Sur une des dernières poussées la sage-femme me dit de ne plus pousser du tout, Fred fait une drôle de tête, je pense de suite au cordon autour du cou (gagné) mais je n'ai pas peur, la sage-femme à l'air de bien gérer. Mes mains s'en vont toutes seules chercher mon bébé... je pensais pourtant que ça me ferait peur ça... non, ça me semble une évidence... j'attrappe donc enfin mon bébé ! oh mon dieu qu'il est beau ! ça y est ! on y est arrivés !!!! je le serre contre moi, et là, j'ai besoin de me poser ! je m'allonge sur le lit, Alex sur mon ventre, et je suis la plus heureuse de toutes les femmes du monde. Alex pousse un cri énorme très rapidement, et on l'entend renifler (je trouve ça complètement dingue). Il renifle jusqu'à ce qu'il trouve mon sein ! il le sent, le lêche, l'attrape, et tête ! comme un fou ! je suis complètement hallucinée par ce petit être couvert de vernix (graisse) qui me regarde droit dans les yeux en têtant. Je suis complètement amoureuse, je dois me retenir pour ne pas le lêchouiller (je suis encore un peu en état animal visiblement). La sage-femme vérifie 2 fois le cordon, afin de ne le couper que lorsqu'il a cessé de battre. C'est Fred qui le coupe :) Et puis le placenta sort sans que je m'en rende pratiquement compte ! C'était le "frigo" de mon bébé pendant 8 mois, notre porte de communication, je le trouve très beau moi le placenta !



Alex et moi restons une grosse heure et demi en peau à peu, avant de rentrer ensemble dans la chambre... quel bonheur! Il têtera jusqu'à 4h du matin sans dormir ! puis dormira jusqu'à midi.
Le plus dur est d'être séparée de Teo pendant 3 jours... la nuit il supporte mal mon absence, et moi, ça me déchire le coeur... mon bébé... quand il repart des visites j'ai toujours le blues.
Le mardi, nous rentrons à la maison, Alex à déjà commencé a reprendre du poids, et Teo est un grand frère adorable ! J'aborde avec beaucoup d'optimisme et de bonheur notre nouvelle vie à 4.




Voilà, merci à tous les lecteurs de ce blog, et félicitations à ceux qui auront lu ce post en entier ! :)
J'ai encore plein de choses à raconter, mais ici ce n'est plus le bon endroit... qui sait, peut être continuerais-je là : http://raquel-perso.blogspot.com/